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Le pastelliste Bernard COLLET teste des pastels tendres et pastels à l’huile

Pratiques des Arts - magazine n°110

Extraits de l’article Matériel alternatif, recettes maison. Et si vous faisiez vos produits vous-même ?

Pastels artisanaux : redécouvrir des couleurs perdues

Le pastelliste Bernard COLLET a goûté à une sélection de pastels (à l’huile et secs) signés l’Artisan Pastellier. Voici ce qu’il en pense.

PASTELS TENDRES : DES COULEURS INEDITES

Œuvre au pastel sec de l'Artisan Pastellier
Œuvre au pastel sec. « Ces pastels traditionnels offrent des couleurs mi-tons très intéressantes pour les zones de transition »

Pour les pastels tendres ou secs, quatre nuances ont été testées : indigo, laque de gaude, laque de garance, laque de noyer. La laque de noyer (qui a un léger parfum) s’est avéré très proche d’une tonalité terre cassée, que l’on trouve notamment chez SENNELIER (n°145). Les bleus indigo donnent une couleur bleue tirant sur le gris avec une légère trace jaune. Un indigo plus sombre serait à ajouter à cet ensemble globalement bien pensé. Ces couleurs se gomment bien, même après fixation.
Le principal défaut de ces bâtonnets réside dans la croûte – relativement épaisse – qui les entoure (un défaut qui concerne aussi certains pastels industriels).
Cela engendre une irrégularité du tracé. Sollicité, l’Artisan Pastellier explique : « il peut y avoir des impuretés lors de l’opération de mucilage. Ou bien, dans le cas où la pâte est trop molle, une peau peut se former lors du séchage à l’air qui dure une quinzaine de jours. » Retour au test. Une fois cette croûte cassée, les pastels sont étonnamment poudreux, le pigment visiblement de qualité et très couvrant. Globalement, ils disposent d’ne bonne ductilité. D’une belle transparence, la combinaison des pastels sombres et clairs est élégante. Les couleurs sont assez réservées, timides. A titre de comparaison, les couleurs industrielles sont peut être trop tranchantes. Ces pastels artisanaux seront très intéressants à utiliser dans les zones de transition de l’ombre à la lumière, d la lumière à l’obscurité.

PASTELS A LA CIRE D’ABEILLE : LE POUR ET LE CONTRE

Œuvre au pastel gras de chez l'Artisan Pastellier
Œuvre au pastel gras.
« Je suis moins habitué à travailler avec des pastels gras, les nuances de couleurs sont fines, mais intéressantes. Reste un petit dépôt assez gênant – la recette encore perfectible. »

Les pastels à la cire d’abeille sont bien miscibles avec des pastels à l’huile. La gamme des bleu un peu trop proche ne termes de teintes. Petite curiosité, ces pastels dégagent une légèr odeur, assez désagréable. J’ai utilisé du fusain pour casser la teinte, cela fonctionne bien. J’ai apprécié la forme en biseau des pastels à la cire, qui facilite le dessin lorsqu’on est en quête de précision. En revanche, ces pastels gras laissent un dépôt inégal de matière. Le risque de tache son œuvre est important. Ce dépôt s’explique par le processus de fabrication, éclaire l’Artisan Pastellier : « La recette traditionnelle mise sur une résistance à la lumière accrue du pastel gras, mais elle aboutit aussi à ce qu’il reste des petits bouts. Nous allons peut-être faire évoluer la recette. »

Source : Pratique des Arts n°110 juin- juillet 2013 – Page 53 – Textes Anne Daubrée et Arnaud Dimberton