Source : Article de Bernadette DUBUC, essais réalisés par Alain MARC, Claire DUPOIZAT et Fleur DESCHAMPS.
Naturelles à 100%, élaborées selon des recettes anciennes, les encres végétales ravivent les couleurs du passé.
Issues pour la plupart des tanins d’arbres et d’arbustes, les encres végétales de l’Artisan Pastellier sont fabriquées selon des recettes traditionnelles que Didier BOINNARD, chimiste et Claire DELAHAYE, historienne de l’art, ont fait renaître en 2000.
Ces encres, supplantées au XXe siècle par la pétrochimie, étaient pourtant largement employées par le passé.
On trouve leur présence dans les manuscrits anciens. Le noir de campêche, par exemple, a été utilisé depuis le Moyen Âge jusque dans les années 1920 comme encre noire, et le rouge de brésil permettait aux enlumineurs de réaliser les carnations.
Signe qu’elles ont su résister à la lumière et au temps.
Moins résistantes néanmoins que les encres permanentes, mais plus stables que les encres à base de colorant, elles sont aujourd’hui encore élaborées de manière artisanale dans la région albigeoise, à partir de plantes cultivées comme la gaude (une espèce protégée dont la cueillette est interdite) ou le noyer de d’arbres en provenance de forêts d’Amérique centrale et du Sud.
Ces encres très particulières s’utilisent aussi bien pour la calligraphie que la peinture, au pinceau ou à la plume et donneront aux œuvres une certaine patine. En lavis comme à l’aquarelle, elles gagnent en transparence et devraient convenir à tous les amateurs d’authenticité.
Les essais techniques
Bilan des essais réalisés par Alain Marc sur du Montval 300 g/m2.
« Des possibilités multiples »
Testé par Alain MARC, artiste aquarelliste
J’ai travaillé en atelier d’après croquis et note de terrain. J’ai trouvé ces encres agréables à utiliser, l’odeur du violet de sureau par exemple s’ajoutant aux autres aspects positifs. La dilution partielle de l’encre après séchage permet un usage simultané graphisme/lavis intéressant et les nuances se marient bien entre elles par mélange. Attention toutefois à la concentration de certaines teintes en lavis qui peuvent satiner ou briller à la surface du papier ainsi qu’au rapport pigment/eau qui peut provoquer, s’il n’est pas maîtrisé, précipités et cernes.
Alain Marc organise deux séjours de carnets de voyage : au Vietnam du 13 au 28 octobre et « De Collioure à Cadaquès » du 12 au 18 septembre 2010.
Un produit naturel étonnant »
Testé par Claire DUPOIZAT, artiste carnettiste
J’ai testé ce produit comme j’utilise mes encres habituellement : sur du papier népalais.
J’aime la surprise que provoque l’encre lorsqu’elle diffuse sur le support.
Il m’a été très difficile d’ouvrir les flacons. Il faut s’armer d’un cutter pour oter la couche de cire qui les recouvre, laquelle part en éclat… (Il suffit en fait de tourner le bouchon pour ouvrir le flacon sans problème).
En revanche, elles sentent bon, c’est là un produit naturel, et elles ne tâchent pas trop.
Elles manquent un peu de pigment, le bleu est kaki, les rouges sont bruns, mais diffusent une matière douce, un peu fade à mon goût, mais étonnante.
« Un petit air du passé »
Testé par Fleur DESCHAMPS
Amoureuse de la nature, j’aime dessiner - bien modestement – arbres et plantes.
Ces encres ont donc doublement piqué ma curiosité.
Belle première impression avec ces flacons à l’ancienne. Pour les ouvrir, j’ai commencé à attaquer la cire au couteau mais il suffit de dévisser le bouchon et la cire à cacheter reste en place. D’ailleurs il vaut mieux en garder sur le capuchon pour se rappeler la couleur.
A l’usage, j’ai vraiment pris plaisir car elles ont une douceur et une subtilité ravissantes.
Je les trouve parfaites pour peindre tout ce qui a trait à la nature ou des ambiances évoquant un petit air du passé.
En séchant, certaines couleurs ont perdu de leur intensité, j’espère qu’avec le temps elles sauront résister.
Le nuancier
Véritable ode à la nature, ces encres sentent même les plantes. Le violet de sureau en particulier qui est obtenu à partir des baies qui mûrissent à l’automne. Provenant d’arbres cultivés (pour ne pas contribuer à la déforestation de la planète), le jaune de mûrier, le fauve de quebracho, le rouge de brésil et le noir de campêche sont obtenus par décoction : de fins copeaux de bois sont mis à macérer. Pour le brou de noix, ce sont les enveloppes des fruits qui macèrent dans l’eau ; pour le turquoise d’indigo, les feuilles d’indigotier sont mises à fermenter. Le jaune de curcuma, quant à lui, est issu de la plante herbacée du même nom, originaire d’Inde qui en est encore le principal producteur. Il donne une couleur vive transparente. Enfin, le rouge de cochenille n’est pas à proprement parler une encre végétale puisqu’il est obtenu par décoction de petits insectes élevés au Mexique, les cochenilles sévissent sur les plantes dont on extrait un colorant.