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Le pastel des teinturiers

Rosette de pastels des teinturiers
Rosette de pastel des teinturiers

L’Artisan Pastellier propose à sa clientèle une production originale et innovante à base de couleurs naturelles dont des couleurs végétales largement utilisées dans le passé. En effet les couleurs synthétiques issues de la pétrochimie ne sont apparues qu’après 1850. Le pastel des teinturiers (Isatis Tinctoria) est le produit référence et celui par lequel tout a commencé.

Le pastel donne aux étoffes des bleus authentiques. Avec son pigment bleu, voisin de l’indigo, nous fabriquons aussi de l’encre pour les Arts, de l’aquarelle extra-fine, une gamme de 7 pastels à l’huile et une gamme de 4 pastels tendres, de la peinture à l’huile extra-fine, de la cire à cacheter, des peintures pour la soie et pour les tissus, des peintures pochoirs. Le « bleu charrette » reprend vie grâce à une gamme de peinture « rustique » pour les huisseries et la décoration. Le bleu du pastel donne un mariage parfait avec l’habitat ancien (enduit, pierre, brique) et est d’ailleurs prescrit par l’architecte des Bâtiments de France dans les secteurs protégés.

Histoire résumée du pastel des teinturiers

Pastel des teinturiers en fleurs
Pastel des teinturiers en fleurs

Le pastel des teinturiers (nom savant : Isatis Tinctoria), connu depuis le néolithique, débute son épopée mythique à la fin du XIIème siècle, dans le diocèse d’ALBI. Au XVIème siècle, le pastel est cultivé dans toute l’Europe car c’est la seule plante à donner une teinture bleue solide à la lumière et au lavage. Mais c’est dans l’albigeois et le Lauraguais (appelé Pays de cocagne) que la meilleure qualité de pastel est cultivée, ce qui crée une économie locale florissante et permet à quelques riches marchands d’accumuler d’immenses fortunes. Les feuilles de pastel, récoltées à la main, étaient lavées puis broyées à la meule pour donner une pâte (pasta en langue d’Oc d’où est tiré le nom pastel). Cette pâte de pastel était mise à égoutter sur des plans inclinés et à fermenter une quinzaine de jours, puis formé à la main en boules. Après deux ans de séchage ces boules de pastel appelées « cocas » étaient expédiées à l’étranger.
Le pastel était surtout réservé à la teinture des tissus. Avec le fond des cuves de teinture au pastel, on peignait en “bleu charrette” les cornes des vaches, les charrettes et les volets pour ses vertus répulsives (mouches et moustiques). Sous l’action de Colbert, les différentes corporations de métiers se donnèrent des règles, et les maîtres teinturiers pratiquant le “grand teint” fixèrent 13 nuances pour le bleu de pastel. En voici la liste, extraite du manuel “Secrets concernant les Arts et Métiers”, Tome second, Bruxelles 1766, (du plus clair au plus foncé):
Bleu blanc, bleu naissant, bleu alazado, bleu mourant, bleu mignon, bleu céleste, bleu turquin, bleu de reine, bleu de roi, fleur de guesde, bleu pers, aldego et bleu d’enfer.
Le commerce du pastel s’effondre à la fin du XVIIème siècle à cause des guerres de religion, de mauvaises récoltes, des pratiques frauduleuses des marchands et de l’arrivée de l’indigo des colonies qui est plus simple d’emploi et moins onéreux. Sous Napoléon, un cours sursaut a lieu. La dernière récolte de pastel dans le TARN a lieu en 1883 et ce dernier disparaît totalement.

Redécouverte du pastel

En 1977 à CORDES-SUR-CIEL, Gilbert DELAHAYE (expert, tisserand d’art et teinturier) et Jean-Claude SCHAEFFER réalisait la toute première et inaugurale extraction du pastel, retrouvant et relançant ainsi une alchimie perdue depuis près de deux siècle. A la même époque Patrice Georges RUFINO, journaliste et écrivain, crée le musée du pastel au château de MAGRIN et le circuit du pastel.

En 1995, Denise et Henri LAMBERT fonde la société BLEU DE LECTOURE et relance la culture du pastel, avec l’aide du CRITT agroressources dirigé par Gérard VILAREM et la CAPA coopérative ariégeoise dirigé par Jean-Michel LEOPOLD qui cultive le pastel et met ses moyens techniques en œuvre.

En 2000 à ALBI, capitale historique du commerce du pastel, Claire DELAHAYE (fille de Gilbert DELAHAYE) historienne de l’Art et Didier BOINNARD chimiste, réunissent connaissances et compétences, et fonde L’Artisan Pastellier SARL avec pour objectif de développer les couleurs naturelles. Claire DELAHAYE obtiendra les prix LAUREATES 2000 et MASTERS 2001 qui récompensent la création d’une entreprise innovante.

Enfin Nathalie JUIN et Carole GARCIA-HUC crée une gamme de produits de beauté sous la marque COCAGNE ET COMPAGNIE, qui connaît une belle réussite commerciale.

Bibliographie :

_G. DELAHAYE – Revue La Navette – Articles sur le pastel N° 2, 3, 4, 5 – 1977-78
_ P. G. RUFINO – Le Pastel Or bleu du Pays de Cocagne – Editions Daniel BRIAND
_S. BANESSY – Pastel – Editions TME